(
Hydroponie, Bioponie, Aquaponie... quésaco ?
19/09/2023
L’hydroponie
La plante mange bien plus simplement que nous, puisqu’elle se nourrit toujours des mêmes éléments sous une seule forme. C’est un « producteur primaire ». Elle n’a besoin pour se nourrir que de matières minérales : dioxyde de carbone, eau et sels minéraux.
L’hydroponie minérale est la plus simple des méthodes de culture car il est proposé à la plante ce qu’elle peut directement assimiler. Les nutriments sont apportés sous forme de sels minéraux qui sont dissous dans l’eau, et versés directement dans le système de culture. Ces chers petits sels deviennent des ions, et l’eau ainsi enrichie devient ce qu’on appelle “la solution nutritive”. La plante n’a qu’à tendre la racine pour se nourrir. Il faudra lui apporter un menu équilibré composé de macronutriments et de micronutriments (oligo-éléments). Certains sont utilisés en quantité minime, mais tous sont très importants pour permettre aux plantes de grandir en pleine santé. Il existe plusieurs fournisseurs d’engrais minéraux proposant différents niveaux de qualité. Ça coule de source : si vous souhaitez manger des légumes nutritifs et goûteux, choisissez pour vos plantes une solution nutritive la plus complète possible.
Il y a beaucoup à apprendre pour faire pousser des plantes en hydroponie minérale. Je vous conseille de commencer par ce mode de culture avec toutes ces nouvelles connaissances à acquérir, avant de vous lancer dans la bioponie puis dans l’aquaponie. Tout ce que vous aurez appris en hydroponie minérale vous servira en bioponie et en aquaponie.
| Méthode | Hydroponie | Bioponie | Aquaponie |
| Prendre soin des plantes | X | X | X |
| Prendre soin des bactéries | X | X | |
| Prendre soin des poissons | X |
La bioponie
En bioponie, on part de matières végétales et/ou animales, donc normalement renouvelables. On dit que la bioponie est organique, mais en réalité, elle est plutôt organo-minérale. La plupart des fournisseurs qui commercialisent les produits utilisés en bioponie ont le label autorisant leur utilisation en agriculture biologique AB. Vous pouvez aussi vous amuser, pour votre production propre, à réaliser des thés de compost, des purins de plantes ou d’autres recettes : si vous utilisez des éléments d’origine organique, ou autorisé en agriculture biologique, alors votre production sera de la bioponie. C’est ce qu’on applique sur notre ferme chez Les Sourciers dans le Gers.
Le petit challenge en bioponie, c’est que contrairement à l’hydroponie traditionnelle, les solutions nutritives ne sont pas directement assimilables par les plantes. Les matières organiques sont composées de grandes molécules que les racines ne savent pas manger. Tout comme en terre donc, une vie microbienne est nécessaire pour en consommer une partie (notamment la partie carbonée) et libérer les ions. On appelle ce processus la minéralisation.
Comment introduit-on des bactéries dans le milieu racinaire ?
Pas besoin de chercher le rayon micro-bactéries dans votre magasin bio, les bactéries sont partout dans et autour de nous. Celles qui nous intéressent particulièrement se baladent gentiment dans l’air. Elles viendront toute seules si vous leur préparez un joli nid douillet : le biofiltre. Pour optimiser et accélérer ce processus on peut aussi trouver sur le marché des trichoderma, un champignon qui s’installe dans la zone racinaire et qui aide la plante à absorber les nutriments en les décomposant.
L’aquaponie
L’aquaponie est à la fois le plus vertueux et le plus complexe à gérer de ces trois systèmes de culture. Prenez des plantes (comme en hydroponie), ajoutez-y des bactéries (comme en bioponie) et des poissons pour compléter le maraîchage avec l’élevage et vous aurez de l’aquaponie ! Pour simplifier, on dit que les déchets des poissons sont minéralisés par les bactéries, afin de nourrir les plantes.
L’aquaponie a été créée par des pisciculteurs qui avaient des problèmes pour gérer les boues – comprendre les cacas – des poissons. Les plantes permettent alors d’utiliser une partie de ces boues, afin de diminuer ces volumes encombrants. Les plantes apportent initialement une solution à des problèmes générés par les poissons. Les métiers d’élevage comme ceux de maraîchage demandent des connaissances techniques très pointues.
L’aquaponie : rigueur et résilience
Lorsqu’on donne des formations à l’hydroponie sur notre ferme (NDLR : la Ferme des Sourciers) on se rend compte que nombreux sont ceux qui veulent se lancer en aquaponie. L’aquaponie est un des modes de culture les plus intéressants de toutes les techniques en hors-sol, seulement il ne faut pas en sous-estimer la technicité, car il est facile d’y laisser des écailles. Il faudra par exemple vérifier avec grande régularité les températures et l’oxygénation des poissons, car ils sont plus sensibles aux variations que les plantes, bien dimensionner votre système pour avoir un bon équilibre physico-chimique et faire attention aux intrants et aux traitements si les deux circuits plantes et poissons sont reliés.
Les bactéries sont gérées exactement comme en bioponie, avec des biofiltres bien dimensionnés, car il y a beaucoup de matières à minéraliser. Le processus de nitrification est permanent : l’eau s’acidifie et le pH a souvent besoin d’être corrigé. Il faut y être particulièrement attentif.
Tout comme la bioponie, un système aquaponique est un système vivant et donc capable de produire sa propre nourriture sur des résidus de racines, des feuilles qui tombent dans l’eau, des restes de nourriture de poisson, etc. Tout sera digéré et renvoyé dans le système sous forme minérale et donc assimilable par les plantes.
L’aquaponie est à préconiser plutôt à des porteurs de projets expérimentés et bien entourés. Elle est aussi la méthode de culture qui reproduit au mieux ce qu’il se passe dans la nature, avec une source d’azote complètement naturelle. Bref, c’est un beau challenge et j’offre mon sincère respect à tous les aquaponistes qui montent leurs fermes !
À propos de l’auteure : Marion Sarlé
Formatrice et maraichère dans le Gers depuis 2013 en hydroponie et en bioponie
Retrouvez le texte dans son intégralité en vous procurant son ouvrage :
« Monter sa microferme en hydroponie, bioponie et aquaponie »
Guide pratique et récit illustré pour un projet d’installation durable. En vente sur le site Les Sourciers
Découvrez la présentation du livre en vidéo !
Demande de contact prise en compte.